Résidence d’artiste « Lille 2004 » Dans le cadre de la manifestation Lille 2004, le LAPS galerie d’art contemporain situé à Faches-Thumesnil (Nord) s’est vue confier un projet artistique qui a permis à 28 artistes d’occuper, de mettre en scène des fenêtres, des vitrines désaffectées ou non dans la rue Garibaldi/Ferrer. On m’a proposé une résidence d’une semaine pour réaliser un projet. J’ai choisi une fenêtre au rez -de -chaussée d’une maison inoccupée, maison appartenant à une dame que j’ai pu rencontrer. Il s’agissait de Madame Châtelet qui en se confiant à moi m’a dit qu’elle travaillait au théâtre situé dans la rue. Le lien entre le nom de cette personne, son emploi dans un théâtre et la demande de la galerie était trouvé. En visitant la maison encore très occupée de meubles, de bibelots, d’ustensiles de la vie quotidienne, j’ai choisi des objets qui m’ont ensuite permis de construire une scénographie. De la rue on pouvait apercevoir une enfilade constituée de deux pièces fermées par une porte-fenêtre donnant sur une cour intérieure.Afin de théâtraliser l’espace entier, j’ai mis en scène l’ouverture du fond en y installant un rideau rouge éclairé par derrière, agrémenter d’un double rideau. Par l’entrebâillement de la porte et le souffle d’un ventilateur, le double rideau flottait rendant ainsi l’arrière scène vivante. Un lit défait occupait la scène, le sol autour était jonché de vêtements, de chaussures d’hommes et de femmes. Un lampion représentant un visage clownesque au sourire cynique de taille démesuré pendait au plafond à la place du lustre central. Entre les deux pièces, une paire de rideaux maintenus séparait deux atmosphères complémentaires. Dans l’espace du devant près de la fenêtre une petite table éclairée par une lampe présentait des objets relatifs à l’intimité : brosse à cheveux, peigne, rouge à lèvre, bas etc… Ces différents éléments étaient frôlés par un voile activé par un autre ventilateur. La mise en lumière des pièces s’effectuait grâce à un détecteur de bruits situés sur le chambranle de la fenêtre. Seuls les commentaires des spectateurs rythmaient le dispositif qui générait une lumière diffuse dans cet espace intime.Afin de contraindre les spectateurs de n’avoir qu’un seul et unique point de vue, la vision de l’extérieur se faisait par un trou de serrure démesuré. La forme de la serrure était grattée au verso d’un vieux miroir rond placé derrière la vitre. Le miroir ainsi dépoli, en partie, renvoyait l’image du spectateur dans la posture implicite du voyeur. Le reste de la fenêtre était occulté de blanc.