autres liens : À Niort, Martine Hoyas habite le Pilori de ses « Coïncidences »
Une vie de motifs pour convoquer le hasard
Texte de Claude Blondeau pour le vernissage "Coïncidences" au Pilori le 23 janvier 2020
Martine Hoyas déglace les traces du temps qui passe...
20/05/2015 05:38
La plasticienne présente de beaux fragments de son travail réalisé entre 1997 et 2015.
L’artiste plasticienne niortaise présente son “ It in errance ” jusqu’au 7 juin dans l’orangerie de La
Mothe-Saint-Héray. Émouvant.
A l'invitation de la municipalité de La Mothe-Saint-Héray, l'itinérance que propose Martine Hoyas
aux visiteurs de l'orangerie jusqu'au 7 juin, pourrait donner le vertige. Un étourdissement abyssal
quand on sait combien il est difficile d'habiter seul un si immense espace. Après une dernière
exposition plus intimiste au Pilori de Niort en 2010, l'artiste nordiste établie à Niort depuis près de
25 ans a vu plus grand.
Son tour de force ? Réunir une bonne trentaine de pièces représentant son travail de 1997 à
2015 sans jamais nous perdre. Et ce, même si l'entrée dans son univers tapissé de vieux papiers
peints récupérés dans des maisons abandonnées promises à la ruine n'est pas forcément des plus
faciles. Première pierre de son acte de résistance dans une société où la facilité est de mise.
Trois tipis comme un retour originel
Pourtant, la démarche est évidente. Fut-ce à travers les coulures de cire d'un chandelier électrique,
via l'installation d'un robinet rongé par les années ou par l'entrée dans la matière poreuse d'un
tableau d'une couleur flirtant entre turquoise moderne et rouille d'antan… c'est bien le passé qui
saute au visage du présent. Martine Hoyas est une collecteuse de traces du temps qui passe et, à
travers l'objet, l'humain a beau être le plus souvent absent physiquement, il est pourtant
omniprésent. Sous la glace du miroir du lavabo, coule la lave en ébullition de l'humanité. Tel un
chef qui déglace un fond de sauce, l'artiste exhume des remugles du passé, la réalité du présent,
voire les plus beaux rêves du futur dans la poésie de son art onirique. Voici l'homme, nu, et les
traces de son empreinte.
« La figure humaine s'inscrit de plus en plus dans cette interrogation du temps », relève la
plasticienne. Elle apparaît dans une vidéo en forme de mouvement perpétuel d'une inextinguible
lumière. Deuxième pierre de sa résistance, cette fois face à l'illusion d'une société qui se perd dans
la consommation. Et voilà le second grand ingrédient de son exposition : la lumière.
Au bout de son voyage en « It in errance », le visiteur slalome entre trois tipis géants, plantés
comme les trois âges, à la façon de l'énigme du Sphinx résolue par OEdipe : la petite enfance,
joueuse (clin d'oeil à sa période « Le jeu du corps et le corps du je ») ; l'adolescence chahutée ; et
l'adulte, grand, posé dans un retour aux sources où crépite le feu. Par les tentures tendues de papier
peint, la lumière filtre. Elle offre quasi l'image d'une peau humaine tendue, immensément
organique. Comme si le papier peint revenait à ses origines. C'est fort, beau et très émouvant.