autres leins : * Martine Hoyas déglace les traces du temps qui passe...

À Niort, Martine Hoyas habite le Pilori de ses « Coïncidences »

Texte de Claude Blondeau pour le vernissage "Coïncidences" au Pilori le 23 janvier 2020

 

Martine Hoyas, une vie de motifs pour convoquer le hasard décembre 2019

 

 

Parmi les pionnières des ouvertures d’ateliers d’artistes, à Niort, on retrouve Martine Hoyas, qui aura une grosse actualité niortaise au tout début 2020.

C’est parti, hier, pour deux week-ends d’ouvertures d’ateliers d’artistes, à Niort et autour. Parmi les premiers à avoir initié ces portes ouvertes, les artistes de La Roussille, à Saint-Liguaire, sont en nombre (lire ci-dessous). Et dans l’ancienne mégisserie Rousseau transformée en lofts d’artistes et en ateliers dès les années 1990, la plasticienne Martine Hoyas, a investi son nouvel atelier.
Parmi les premiers à s’être établis dans l’ancienne usine, arrivée en septembre 1991, l’artiste vient d’aménager à l’étage de son ancien atelier, un nouvel écrin lumineux parfait pour accueillir ses grands volumes. Car, comme s’il s’agissait d’un retour aux sources, à un jet de pierre de la Sèvre, elle s’offre une nouvelle plongée dans ces grands formats qui ont habité sa jeunesse d’étudiante aux Beaux-Arts de Valenciennes.
“ J’ai tout pris ! ”De son enfance à construire son imaginaire dans des cabanes, toujours prompte à bricoler et à décorer, à ses études artistiques, il y a eu une rencontre prépondérante pour cette native de Maubeuge (Nord), arrivée à Niort en 1989. Elle était en classe de 5e quand le sculpteur Grégory Anatchkov, intervenant auprès des élèves, a décelé chez elle ces aptitudes à créer de l’imaginaire. C’est avec lui qu’elle a découvert la matière, la résine, la terre, initié son approche physique de l’art. C’est à 17 ans que Martine Hoyas a débarqué aux Beaux-Arts. « C’était exaltant, riche, je n’attendais rien, je n’étais pas éduquée pour, alors j’ai tout pris. Un champ immense s’étendait devant moi ! », se souvient la plasticienne qui a conservé des liens indéfectibles avec le collectif d’étudiants en art de l’époque.
“ J’ai toujours eu besoin de cette lumière ”Ce champ immense, il fallait bien le remplir. L’espace – et avec lui le temps – tient depuis toujours une place prépondérante dans son art. Ce ne sont pas ses dernières créations, en écho à ses travaux initiaux aux Beaux-Arts, qui contrediront cette volumineuse appétence en trois dimensions : du travail sur la couleur pour creuser, des motifs, toujours, toute une vie mise en relief par des motifs, le tout sur de vastes pièces décrochées du mur et un troisième espace qui s’ouvre entre l’œuvre et le support, entre ombres et lumières réfléchies incandescentes provoquées par la peinture.
Et puis il y a cet espace infini du hasard que l’on convoque ou pas. Ce fut par un jour de colo de vacances, dans l’une de ces maisons délaissées par l’exode social de la région minée. Elle est entrée. C’est là qu’elle est tombée sur ses premiers papiers peints. Des motifs, encore, des volumes toujours, et cette notion du temps qui passe… toute une vie à collecter ces anciennes tapisseries, à les faire revivre autrement, de manière très minimaliste et précieuse sous plexiglas comme de façon plus spectaculaire avec ses fameux tipis en peaux de tapisseries, organiques à foison, qui interpellent aussi la question de l’habitat, de la migration.
Au Pilori en janvier« Je suis quelqu’un de baroque, j’essaie d’être plus light », plaisante-elle. En avançant, on se dépouille forcément et les peaux de tapisseries qui tombent laissent entrer une autre lumière. « J’ai toujours eu besoin de cette lumière », acquiesce-t-elle en devisant sur le vaste atelier qu’elle vient d’aménager à l’étage de son havre de paix roussillien.
Bientôt trente ans d’art. « Au fond, il s’est passé beaucoup de choses dans ma vie, beaucoup de questions se sont posées », savoure-t-elle avec pudeur. Dans l’un de ses palimpsestes, elle prétend « creuser la toile pour chercher l’origine du monde ». On en revient aux hasards de cette exploratrice d’art et d’espaces. À partir du 15 janvier 2020, elle sera l’invitée de la ville de Niort pour exposer au Pilori. Coïncidence est le titre qui se détache déjà. Comme deux incidences qui convoquent le hasard d’une rencontre entre humains. Ces humains que, dans son toute altérité, Martine Hoyas aime profondément. Il est des regards qui ne trompent pas.

Sebastien Acker

 

 Texte de Claude Blondeau pour le vernissage "Coïncidences" au Pilori le 23 janvier 2020
Martine Hoyas déglace les traces du temps qui passe...